8 décembre 2016

Homélie pour la Fête de l'Immaculée Conception

Du Père Patrick Sempère, lors de la Messe célébrée pour les élèves des Ecoles du Foyer au cours de lauqelle deux jeunes de Terminale ont été baptisées

Joie en ce jour du 8 décembre où nous célébrons Marie toute donnée au Seigneur, toute consacrée, dès les tous premiers instants de sa vie. Joie aussi car dans quelques instants, deux parmi nous, Mayalla et Angélika, vont aussi être consacrées par le Seigneur.

 Car tel est le baptême qu’elles vont recevoir. Le baptême nous consacre au Seigneur. Par le don de l’Esprit, à l’image de Marie, le baptisé devient Temple du Très-Haut. Pour le dire autrement, à l’image de Marie, il devient un « christophore », un porteur du Christ.

 Dignité que rien ne pourra jamais supplanter. On ne pourra pas trouver mieux ailleurs. Le Seigneur est en nous, la vie de Dieu est notre ! Qu’attendre de mieux ? Cette dignité, Dieu, comme il l’a fait avec Marie, la remet entre nos mains. Il revient donc à chacun d’y veiller.

 D’autant plus que Dieu lui aussi ne cesse d’y veiller. Par le baptême, il nous fait don de sa vie. Mais l’Esprit Saint poursuit sa route avec nous dans le sacrement de confirmation. Par le baptême, Dieu nous fait naître à sa vie. Par la confirmation, il nous donne d’y grandir pour nous permettre de devenir adultes, responsables de notre foi.

 Et pour cela, Dieu se donne encore dans son eucharistie pour nous nourrir de sa propre vie, sa vie de Ressuscité. Nous cherchons la vie. Et quelques fois nous nous engageons sur des chemins de traverses. Alors que par le baptême, fortifié par la confirmation, nourrie par l’Eucharistie, LA vie, la vraie vie, se remet entre nos mains ! Pourquoi nous fatiguer à chercher ailleurs ?

Mais si LA vie nous est donnée, par le baptême, la confirmation et l’eucharistie, il s’agit pour nous d’en vivre. Cette Vie nous est donnée pour être partagée, pour en témoigner. Et plus nous la partageons, plus elle se déploiera en nous. Plus elle manifestera toutes les forces qui sont en elle.

 Lorsque l’on parle de témoignage, bien des questions surgissent : d’où vient la force et le courage de l’annonce ? Que signifie témoigner ? Comment témoigner aujourd’hui ? Marie nous aide à répondre à chacune  de ces questions et nous ouvre un chemin.

 Qu’est-ce qui permet à Marie d’aller jusqu’au bout dans son témoignage de foi ? D’où lui vient cette force ? De sa certitude que le Seigneur est avec elle. « Le Seigneur est avec toi ». Elle croit en la Parole de l’ange, parole de Dieu. Son Magnificat montre sa foi, sa certitude que le Seigneur marche auprès d’elle à chaque instant.

 C’est ce que fait le Seigneur avec chacun d’entre nous. Il marche à nos côtés. Il parcourt notre route à chacun, où que nous soyons. Et ainsi, peu à peu, peu à peu, il transforme nos appréhensions, nos inquiétudes et nos découragements. Il rend nos cœurs brûlants et ouvre nos yeux pour que nous le reconnaissions en notre vie.

 2ème question : que signifie témoigner de l’évangile ? « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ». Et aussitôt, Marie, loin de s’enfermer sur sa joie, s’en va auprès de sa cousine Elisabeth. Recevoir l’Esprit, c’est pour aller vers nos frères en devenant pour eux un instrument de paix.

Cette mission n’est pas réservée à des « spécialistes ». Marie n’a rien d’une spécialiste. Elle n’est pas « Bac + 5 » en théologie. C’est une jeune fille d’Israël. C’est pourtant elle que le Seigneur choisie pour donner au monde son Fils ! Ce qu’elle fait en sa maternité, elle ne cessera de le faire à chaque instant de sa vie : témoigner de sa foi, de son amour de Dieu, dans la simplicité de sa vie.

 Enfin, comment témoigner ? Il est important aujourd’hui de ne pas se tromper dans la façon d’annoncer Dieu. En effet, même avec les meilleures intentions, on peut confondre l’annonce avec le prosélytisme, le fait de vouloir convaincre à tout prix ; quelle que soit la forme de ce prix.

 Marie vit l’annonce d’une toute autre manière. Elle ne cherche pas à convaincre. C’est par sa façon d’aimer Dieu, sa façon d’être disciple qu’elle touche les cœurs. En toutes occasions, elle cherche d’abord à être la servante du Seigneur. Que tout se fasse pour elle selon sa Parole, non selon ses désirs à elle, aussi justes et saints soient-ils.

 Elle s’ouvre ainsi à l’action de l’Esprit Saint qui est la source du vrai témoignage. Le vrai témoignage de foi puise sa vie dans la prière personnelle et dans la vie sacramentelle qui se déploient, l’une et l’autre, dans la charité. Pas de vie chrétienne possible sans écoute de la Parole de Dieu, sans cœur à cœur avec le Seigneur. De là seulement vient le témoignage que Dieu attend.

 Ainsi, comme Marie, les appels de Dieu peuvent être entendus. Car Dieu appelle toujours : chaque baptisé à la sainteté et parmi eux, certains au sacerdoce, d’autres à la vie religieuse, d’autre encore à la vie consacrée. Ces appels ne sont pas réservés aux grenouilles de bénitier. Parmi vous, il est certain que le Seigneur en appelle à se consacrer totalement au service de l’Evangile.

 Mais pour comprendre cet appel, il ne s’agit plus d’avoir une foi mièvre, une foi de routine, une foi consensuelle, une foi de culture, une foi où Dieu trouve sa place quand tout le reste a été fait. Pour trouver la vie, il s’agit de donner à Dieu la seule place qui soit la sienne : la première. Ainsi vécu, notre baptême sera un chemin sûr pour donner aux autres le goût de la foi.

 Le visage de Jésus n’est pas dépassé. La foi n’est pas dépassée. Ce qui peut l’être, c’est notre façon de la vivre. Les paroles et les gestes du Christ sont toujours pour aujourd’hui car l’Esprit fait toujours du nouveau. Leur rencontre est toujours source de vie, une vie qui mène au large, joyeuse de se consacrer à l’amour.

 La consécration de Marie, dans la jeunesse qui est la sienne, est pleine de joie, pleine d’enthousiasme. Mayalla, Angélika, que son intercession pour vous aujourd’hui vous donne de garder cet enthousiasme, cette joie, que j’ai brièvement perçu en passant dans votre classe. Et qu’ainsi, vous soyez toujours prêtes à répondre « Me voici » aux appels du Seigneur. Alors la joie de Dieu habitera votre cœur. Une joie contagieuse capable de toucher le monde, capable de le transformer.